Au cours de la
période 1920 à 1939 l’action pédagogique de Clément Goyeneche à l’Ecole des
Arts Décoratifs de Nice et son exercice professionnel sont intimement liés aux deux
grands événements qui vont populariser ce qu’on nommera par la suite le style « Art
Déco » mais que l’on appelait à ce moment-là l’« Art moderne »
ou « Art actuel » : les expositions internationales de Paris de 1925
et de 1937 auxquelles l’école va participer activement dans le cadre des
Pavillons de la Côte d’Azur.
Clément GOYENECHE,
Président de la Commission de Consultation Esthétique de Nice pour l’Exposition
Internationale de 1925, en expose les grandes orientations dans un rapport
introductif :
« Le modernisme est une
conception qui repose sur le rapport équilibré entre les lois esthétiques
permanentes et l’expression particulière correspondant aux besoins communs et à
la sensibilité ambiante d’une époque. Ces besoins et cette sensibilité sont en
état constant d’évolution. Une forme d’Art est belle pour toujours et entre
dans le vaste domaine du classicisme dés qu’ elle nait directement de la
vie exercée à un certain moment et qu’elle satisfait à la fois à la mise en
œuvre la plus logique des matières et aux principes directeurs de la pensée
humaine. Elle réalise l’unité par l’équilibre des contrastes, l’expression
vivante par l’affirmation d’une dominante.(..) Constante matérielle :
Technique propre à chaque matière, la plus directe et la plus simple possible.
Appropriation à la fonction : la fonction détermine l’aspect.(..) Constante
esthétique : Le décor n’est pas toujours nécessaire : il n’est en
situation que pour des raisons de souplesse et de stricte variété. Le plus
souvent, la structure architecturale se suffit à elle-même. Quand il y a décor :
correspondance du décor avec la forme structurale, la destination, la fonction,
la situation. Accuser et ne jamais dissimuler la structure architecturale.
Mettre en évidence la forme des solides géométriques élémentaires (sphère,
cylindre..) entrant dans la structure architecturale. Accuser la fonction par
la mise en évidence des éléments de nécessité pratique. (..)
L’art actuel
s’appuie sur les principes qui viennent d’être énoncés. Il tend au classicisme
pur, qui est une expression essentielle de la vie, qui admet toute la fantaisie
poétique, au demeurant fortement attaché au contrôle de la raison. Il répudie
toute formule académique. (..) L’art actuel recherche la franchise et la
fraicheur dans la forme, dans l’effet du contraste lumineux, dans l’harmonie
colorée. Il s’attache à ne retenir que les éléments essentiels de l’expression,
à généraliser ces éléments jusqu’à l’abstraction. (..) Il considère comme
nuisible tout ce qui est inutile. Il rejette tout pastiche des formes d’art révolues,
comme ne correspondant plus à la vie actuelle. Il respecte et utilise toute
technique traditionnelle et logique. Il satisfait à des besoins nouveaux à
l’aide de matériaux nouveaux et de leurs techniques correspondantes, sans
entrer dans le moule de formes connues. Désireux d’éviter l’art anonyme, il tend
à marquer les caractères de vie propre à chaque région et aussi les
sensibilités individuelles (situation géographique, climat, habitudes,
tempérament). En résumé, l’art actuel est fondé sur l’ « Utile
supérieur » et s’oppose à l’ « Art pour l’Art ».
©Bruno GOYENECHE
©TOUS DROITS RÉSERVÉS@Bruno GOYENECHE.2015
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